Depuis 60 ans, le modèle de développement économique des Outre-mer est resté le même. Si en 2021 l’effort budgétaire de l’État était en hausse, les écarts avec l’hexagone persistent et les indices de développement humains
de nos territoires sont comparables à ceux du Maroc ou du Costa Rica. Le groupe SCET, filiale de la Caisse des dépôts et de la Banque des territoires, a publié un livre blanc dans lequel il est proposé quatre solutions pour un nouveau modèle économique pour les Outre-mer.
En 2021, la dépense publique de l’État en faveur des territoires ultramarins était de 27,3 milliards d’euros (dont 6,3 Mds€ de dépense fiscale), une hausse de 11% par rapport à 2020. En plus de cette enveloppe, les opérateurs de l’État comme l’AFD, la Caisse des dépôts et Banque des Territoires, l’Agence nationale de la Cohésion des territoires et les financements européens, ajoutent également des moyens. “Cette enveloppe, difficile à quantifier, doit néanmoins dépasser ~30 Mds€ annuels qui se heurtent souvent à des difficultés d’exécution par déficit d’ingénierie”, indique le livre blanc du groupe SCET, filiale de la Caisse des dépôts et de la Banque des territoires.
Pourtant, les inégalités avec l’hexagone persistent. “La situation actuelle révèle un sentiment global d’inachèvement et une insatisfaction de l’ensemble des acteurs, à commencer par les populations”, constate le groupe SCET qui prend l’exemple des tensions sociales répétées qui émaillent nos territoires. Depuis 60 ans, le modèle de développement économique des Outre-mer est resté le même. Si en 2021 l’effort budgétaire de l’État était en hausse, les écarts avec l’hexagone persistent et les indices de développement humains de nos territoires sont comparables à ceux du Maroc ou du Costa Rica. Le groupe SCET, filiale de la Caisse des dépôts et de la Banque des territoires, a publié un livre blanc dans lequel il est proposé quatre solutions pour un nouveau modèle économique pour les Outre-mer. En 2021, la dépense publique de l’État en faveur des territoires ultramarins était de 27,3 milliards d’euros (dont 6,3 Mds€ de dépense fiscale), une hausse de 11% par rapport à 2020. En plus de cette enveloppe, les opérateurs de l’État comme l’AFD, la Caise des dépôts et Banque des Territoires, l’Agence nationale de la Cohésion des territoires et les financements européens, ajoutent également des moyens. “Cette enveloppe, difficile à quantifier, doit néanmoins dépasser ~30 Mds€ annuels qui se heurtent souvent à des difficultés d’exécution par déficit d’ingénierie”, indique le livre blanc du groupe SCET, filiale de la Caisse des dépôts et de la Banque des territoires. Pourtant, les inégalités avec l’hexagone persistent. “La situation actuelle révèle un sentiment global d’inachèvement et une insatisfaction de l’ensemble des acteurs, à commencer par les populations”, constate le groupe SCET qui prend l’exemple des tensions sociales répétées qui émaillent nos territoires.
Pour élaborer leur proposition de nouveau modèle pour accélérer le développement de nos territoires, le groupe SCET a fait des études de marché et a analysé les stratégies d’émergence de huit pays (Bélize, Costa, Rica, Croatie, Éthiopie, Île Maurice, Malaisie, Maroc et Rwanda), sélectionnés pour l’antériorité de leur stratégie afin d’avoir le recul sur leur impact, ou pour leur mise en place récente prenant en compte les enjeux actuels de développement durable, et pour leurs similarités avec les territoires ultramarins au regard de différents critères géographiques et de grands indicateurs macro-économiques”, établit le livre blanc. Pour le groupe SCET, ces stratégies ont été fructueuses car “fondées sur des démarches mobilisatrices et focalisées”. “ C’est notamment le cas du Maroc : la stratégie industrielle multi-sectorielle et diversifiée adoptée lui a permis en moins de vingt ans de devenir le premier hub industriel et portuaire d’Afrique. […] Ou encore de l’Ethiopie qui s’est démarquée grâce à sa performance économique, les investissements dans les infrastructures et la croissance pour les secteurs des services et de l’agriculture, a été notée pour la première fois dans l’histoire du pays en 2013/2014 par trois agences de notation internationales (Standard & Poor’s, Fitch et Moody’s) : sa note souveraine a été évaluée à B et B1”, poursuit le document. Pour le groupe, ces stratégies se fondent sur une méthodologie identique : réalisation d’un diagnostic, définition de l’ambition, de la stratégie et des impacts attendus, élaboration d’une feuille de route à moyen-terme, calendrier d’action déterminé et conception de mécanismes de mise en œuvre; de suivi et d’évaluation. Les leviers qui ont permis d’assurer la réussite de la stratégie se fondent sur un investissement soutenu dans la montée en puissance du capital humain (éducation, formation professionnelle), la libération des énergies via le soutien à l’entrepreneuriat dans une optique d’inclusion sociale, la montée en gamme des infrastructures physiques et digitales et des approches prônant un développement plus durable et résiliant.
Le groupe a évalué la situation de chacun des territoires ultramarins pour la mise en œuvre d’une telle stratégie. Pour la Guadeloupe, un territoire très marqué par le secteur tertiaire, dont le vieillissement de la population présente un risque majeur pour le développement, le groupe a identifié trois priorités pour conforter le développement : “Rénover les infrastructures (et notamment celles liées à l’eau) en intégrant les enjeux liés aux risques naturels et climatiques. Adapter la formation supérieure/ professionnelle aux perspectives économiques. Renforcer l’attractivité de la Guadeloupe pour ses jeunes”, énumère le document. Pour la Martinique, où le tertiaire est également très présent et dont le développement économique est aussi menacé par le vieillissement, les infrastructures sont de bonne qualité et la dynamique entrepreneuriale est en forte hausse, mais l’économie informelle est également développée. Les trois priorités de ce territoire sont de “conforter les efforts d’investissement en matière d’infrastructures en intégrant les enjeux liés aux risques naturels et climatiques. Adapter la formation supérieure/professionnelle aux perspectives économiques.
Renforcer l’attractivité de la Martinique pour ses jeunes. Enfin pour la Guyane, le tissu économique est déchiré entre une dynamique entrepreneuriale en forte explosion, une économie informelle prospère et un retard de développement dans les infrastructures comparé aux autres territoires d’Outre-mer. Les priorités sont d’accélérer “le rattrapage au niveau des infrastructures de base (réseaux, éducation, santé, transport…) en intégrant les enjeux liés aux risques naturels et climatiques. Accélérer la production de logements. Renforcer les moyens matériels et humains, pour assurer une scolarisation systématique des jeunes.
4 propositions
À partir de ces constats, le groupe SCET a formulé quatre propositions pour changer de paradigme et accélérer le développement ultramarin. La première proposition consiste à dire que c’est aux exécutifs ultramarins de faire leurs choix pour définir des stratégies de développement focalisées. Cela nécessite un portage politique fort avec une appropriation par les décideurs publics locaux, les entreprises et les populations, une transformation complète du cadre d’action, tout en faisant le pari de la confiance et de l’autonomie des territoires dans la définition de leurs priorités. “Les acteurs publics nationaux sont positionnés en appui : apport de financements, d’expertise technique, d’outillage (ingénierie de l’amont à l’opérationnel) et renoncent à leur rôle de prescripteur ou de pilote. C’est alors aux acteurs publics nationaux de se mettre au service de cette vision décidée localement, ce qui appelle par la même occasion à renforcer très significativement la coordination des interventions des différents acteurs”, précise le livre blanc. La deuxième proposition est que pour porter sa stratégie, un exécutif ultramarin doit pouvoir s’appuyer sur une “task force” territoriale mettant à disposition du personnel hautement qualifié sous son autorité. Pour le groupe, une subvention de l’État serait indispensable au démarrage et “il serait pertinent de mobiliser des profils nationaux, voire internationaux. Néanmoins des cadres locaux sont indispensables au sein de cette « task force » pour en assurer la pérennité, dans une optique de reprise en main à moyen terme”. La troisième proposition est de passer d’une approche solutionnelle à une approche de stimulation des dynamiques locales en soutenant davantage la montée en puissance des tissus économiques locaux. “Nous proposons que les acteurs publics nationaux en charge de l’appui, du soutien et de la formation à l’entrepreneuriat, de la création d’incubateurs et de tiers lieux, de la création d’entreprises, de la formation professionnelle, etc.) viennent en appui des territoires pour conforter ces leviers. Nous plaidons pour un désilotage complet des interventions publiques, via la création d’organes territoriaux intégrés (ou la montée en puissance d’agences de développement économique là où elles existent), à même de réaliser, en cohérence avec la stratégie décidée localement”, peut-on lire. Enfin, la quatrième proposition est de rehausser les standards de développement pour miser pleinement sur la notion de “qualité de vie à la française”, meilleur moyen pour booster la compétitivité des territoires dans leur environnement proche. Pour cela des chantiers doivent être menés à l’échelle des territoires pour accélérer le développement humain là où les écarts sont critiques, renforcer en dotation et en capacité de coordination les outils existants sur l’autonomie alimentaire, et renforcer les capacités en ingénierie de projets des territoires via la mobilisation des compétences pertinentes et les capacités d’action des acteurs au développement entrepreneurial, tout en renforçant la maîtrise d’oeuvre au niveau des collectivités par la subvention de ressources humaines à disposition sur des laps de temps pertinents.
(Claudia Ledezert)