Le Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Guyane participait les 15 et 16 novembre dernier à une réunion de coopération régionale autour de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) au Guyana, avec les départements des pêches du Guyana et du Suriname, en partenariat avec WWF.
« Une première coopération entre acteurs de la pêche à l’échelle du plateau des Guyanes » annonçait le Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Guyane le 15 novembre dernier alors que ses représentants étaient en déplacement à Georgetown, capitale du Guyana. Les départements des pêches du Guyana et du Suriname, ainsi que le comité des pêches de la Guyane française, en partenariat avec le WWF-Guianes, tenaient leur toute première réunion régionale les 15 et 16 novembre, visant à encourager la collaboration pour mettre fin à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) dans les Guyanes. « Nous croyons vivement au succès de cet effort de collaboration » commentait le Crpmem. Grâce au financement d’Oceans-5, la réunion régionale a permis d’évaluer et d’explorer des pistes de collaboration potentielles pour clarifier et renforcer les efforts de lutte contre la pêche INN et pour maintenir la durabilité des pêcheries au niveau du bouclier des Guyanes. « Les pratiques de pêche INN dans la région des Guyanes menacent gravement les ressources halieutiques, les moyens de subsistance et l’approvisionnement alimentaire des communautés côtières, ainsi que la survie des écosystèmes marins et des espèces protégées telles que la tortue luth » rapportait le WWF Guianes. En outre, la pêche illégale tue aussi les hommes. Le 23 novembre dernier, le CRPMEM Guyane déplorait le décès d’un homme disparu en mer au large de Mahury le 20 novembre. « Cette disparition tragique est l’une des nombreuses conséquences de la pêche INN intra-guyanaise. Cette forme de pêche illégale, non déclarée et non réglementée est pratiquée par des ressortissants étrangers, souvent en situation irrégulière sur le territoire guyanais » expliquait le Comité. Et d’ajouter que les pêcheurs INN ne respectent aucune réglementation, notamment en matière de sécurité : « pas de matériel de sécurité, pas de VHF et ne sont pas connus des services de la Direction générale des territoires maritimes (DGTM) ».
David Singh, directeur du WWF-Guianes, a souligné la nécessité de collaborer pour s’attaquer à ce problème. « Chaque pays a ses propres défis lorsqu’il s’agit de gérer ses ressources marines ; cependant, il existe un objectif commun à tous les pays pour assurer la durabilité de nos pêcheries » a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « l’engagement commun implique la mise en œuvre de politiques et de pratiques qui nous permettent de tirer profit des ressources marines partagées de la région tout en garantissant la santé à long terme de ces ressources ».
Les participants à cet événement de deux jours ont assisté à des discussions guidées et ouvertes afin de mieux comprendre le rôle de chaque pays dans la gestion de la pêche. L’atelier a réuni des représentants des autorités de la pêche de la Guyane française et du Suriname, ainsi que des acteurs clés de l’application de la loi et de la réglementation de la Guyane, y compris l’autorité fiscale de la Guyane, la garde côtière, les forces de police et les officiers judiciaires du directeur des poursuites publiques et du département de l’administration maritime. Des présentations détaillées ont été faites sur l’état actuel des stocks de la pêche côtière, mettant en évidence les mises à jour récentes, les tendances et les défis. Les participants ont été informés de l’état des stocks de poissons commerciaux exploités par la pêche côtière au filet maillant en Guyane et au Suriname.
« La diminution des stocks de poissons est un sujet de préoccupation, et cet atelier de deux jours nous permet d’examiner collectivement nos pratiques de pêche dans les Guyanes, car elles nuisent actuellement à notre vie marine et rendent la gestion des pêches difficile. Nous devons donc travailler ensemble pour trouver une solution viable », a déclaré Soraya Wijntuin, coordinatrice Océan, WWF-Guyanes.
D’autres points à l’ordre du jour ont été discutés, notamment les différentes approches de recherche et la nécessité d’améliorer les pratiques de partage des données afin d’améliorer la précision et la fiabilité de la collecte et de l’analyse des données entre les administrations régionales, ainsi que les idées visant à mettre en place des réglementations régionales cohérentes qui s’attaquent directement à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
« Afin de garantir la santé et la productivité à long terme de nos océans pour les générations futures, le WWF travaillera avec ses partenaires à l’élaboration d’un plan d’action conjoint global qui servira de feuille de route pour relever les principaux défis posés par les pratiques INN. Ce plan comprendra des stratégies visant à améliorer le contrôle et la surveillance des activités de pêche, à renforcer les cadres juridiques et à promouvoir des pratiques de pêche durables » prévoit le WWF.
(Fanny Fontan)