Dans le cadre du programme Guyane Santé 2030, un conseil de 12 experts doit être installé par l’ARS le 28 juin prochain. Leur mission sera d’épauler l’ARS sur le plan scientifique et de l’aider à anticiper les problématiques majeures. Le but de Guyane Santé 2030 est de réduire de façon significative l’écart d’espérance de vie entre le territoire et l’Hexagone d’ici à 2030.
En Guyane, l’espérance de vie à la naissance est inférieure de deux ans et demi, par rapport à celle de l’Hexagone. Pour pallier cette inégalité, l’Agence régionale de Santé de Guyane planche depuis de nombreux mois sur le programme Guyane Santé 2030. “Pour y parvenir, elle prépare des fiches trajectoires pour fixer les étapes à franchir d’ici-là et les actions à mener pour y parvenir. Le 28 juin, elle installera également un conseil d’experts”, peut-on lire sur l’infolettre de l’ARS Guyane datant du 31 mai. Un conseil d’experts composé de 12 chercheurs guyanais, nationaux et internationaux viendront renforcer la robustesse des travaux scientifiques dans un contexte d’évolution des besoins en santé de la population à travers le réchauffement climatique et son impact sur la santé, les enjeux politiques, sanitaires et sociaux sur le plateau des Guyane et du Brésil, ainsi qu’à travers l’impact de l’intelligence artificielle. Si l’identité de l’intégralité des 12 experts n’est pas encore connue, les noms des scientifiques guyanais ont été révélés. Dans le champ de la santé, il s’agit de Matthieu Nacher (PU-PH), de Maylis Douine (PU-PH), de Claire Bocéno (médecin cheffe de service de la permanence d’accès aux soins de santé -Pass-), et de Christophe Peyrefitte, directeur de l’Institut Pasteur de Guyane. Ainsi que de Célia Basurko (médecin épidémiologiste, spécialiste de l’insécurité alimentaire), de Marc-Alexandre Tareau et Marie Fleury, ethnobotanistes, concernant le volet des problématiques ayant des conséquences en matière de santé. Ces experts guyanais seront épaulés par quatre experts nationaux, Bernard Cazelles, biomathématicien et professeur à la Sorbonne, Henri Bergeron, directeur de recherche au Centre de sociologie des organisations (Sciences Po), coordinateur scientifique de la chaire santé de Sciences Po, Jean-François Guegan, parasitologue et écologue de la santé, et de Nelly Agrinier, PU-PH en santé publique à la faculté de médecine de Nancy, spécialisée en épidémiologie, économie de la santé et prévention. Parmi les experts internationaux, David Heymann, professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine (Royaume-Uni), un représentant de la Fiocruz (Brésil) et un représentant de la Pan-American Health Organisation, du bureau de Washington (Etats-Unis) ou de la Barbade. Le Projet régional de santé de la Guyane qui inclut Guyane Santé 2030, contient sept ambitions et vingt indicateurs. La première ambition est d’ancrer la prévention dans le quotidien des Guyanais (taux de dépistage de 80% des cancers du col de l’utérus et du sein, d’atteindre 95% de taux de couverture vaccinale rougeole-oreillons-rubéole, 80% de couverture vaccinale anti HPV chez les filles et 60% chez les garçons et proposer un activité physique adaptée à 100% des patients atteints de maladie chronique). L’ambition numéro 2 est la promotion d’un environnement de qualité, cela passe par le dépistage de 100% des enfants et des femmes enceintes vis-à-vis de l’empoisonnement aux métaux lourds, d’éliminer le paludisme de Guyane, de garantir un accès à l’eau potable à toutes les intercommunalités. L’Ambition numéro 3 est de permettre l’accès aux soins à toute la population du territoire, en implantant notamment une permanence de soins dans l’Est guyanais, de faciliter l’accès à des spécialistes sur tout le territoire, en augmentant de 30% les téléconsultations, de multiplier par quatre le nombre de médiateurs en santé. La quatrième ambition est de favoriser la santé des femmes et des enfants en diminuant de 30% la prévalence du surpoids chez les plus jeunes, de donner à 100% des jeunes une éducation à la sexualité et aux risques liés et de réduire d’un tiers les grossesses précoces. La cinquième ambition est de développer l’offre sanitaire et médico-sociale sur le territoire, de dépister massivement et réduire les complications liées aux maladies chroniques en sixième ambition. Et enfin, la septième ambition est de renforcer les ressources en santé et l’attractivité du territoire, en augmentant la densité du nombre de professionnels en santé à 80% de la moyenne nationale et en multipliant par 4 le nombre de publications soutenues par la recherche scientifique.
(Claudia Ledezert)