Suite à l’incendie du squat Mont Baduel et de la crise humanitaire qui en résulte, le président de la Collectivité territoriale de la Guyane a adressé un courrier au président de la République le 20 août dernier, dans lequel il sollicite « solennellement » trois dispositifs pour faire face à la crise migratoire que subit la Guyane.

Le 27 juillet dernier, un nouvel incendie du squat du Mont Baduel (le quatrième), a fait plus de 1140 sinistrés recensés, dont plus de 500 mineurs. Un drame qui, selon un communiqué de la maire de Cayenne, Sandra Trochimara, daté du 2 août, « traduit, dénonce, exhibe à nouveau la réalité du combat mené contre l’habitat indigne, informel, insalubre surtout quand les problématiques de successions et d’immigration ne sont pas réglées, traites, sur le territoire de la ville de Cayenne et en Guyane de manière générale ».

Après les courriers de cette dernière, et la réunion du 13 août à laquelle elle participait avec Gabriel Serville et Patrick Faure, le directeur du cabinet du président de la République, c’est au tour du président de la CTG de rédiger une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, sur l’urgence de la crise migratoire en Guyane, datée du 20 août dernier. 

Ce courrier démarre par un simple constat : « la Guyane est le seul territoire de la République ayant deux frontières extérieures avec des pays qui se situent en dehors de l’espace Schengen ». Les circulations migratoires projettent donc le territoire dans l’espace mondial, au-delà des bassins frontaliers surinamais et brésilien. Gabriel Serville évoque notamment les conflits au Proche ou Moyen-Orient mais aussi la sévère crise politico-administrative en Haïti et qui entraînent une affluence de migrants sans précédent.

« Malgré toutes les alertes lancées par la classe politique et la société civile, la réponse des services de l’Etat reste insuffisante car sous-dimensionnée face au poids de ces flux migratoires incontrôlés » dénonce le président de la CTG. Et de déplorer l’accroissement de squats au cœur des centres urbains du territoire guyanais : 39 quartiers informels sur toute la bande littorale de la Guyane.

Gabriel Serville explique qu’après l’incendie du squat du Mont Baduel du 27 juillet dernier, la CTG mais aussi les services de l’Etat, la mairie de Cayenne, l’Association des maires de Guyane, les associations humanitaires et de nombreux bénévoles ont rapidement apporté leur contribution afin de proposer une mise à l’abri d’urgence à toutes les personnes sinistrées. « Cependant la Guyane seule ne peut pas faire face à cette grave crise humanitaire et aux autres qui pourraient survenir » souligne-t-il.

Après avoir rappelé les principes et les obligations du droit d’asile, il appelle à une « réaction au sommet de l’Etat ». Il saisit donc Emmanuel Macron en sa qualité de « Président de la République qui en application notamment des dispositions de l’article 5 de notre Constitution doit assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat, tout en étant le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ratifiés par la France ».

Il sollicite ainsi « solennellement » trois dispositifs. Tout d’abord, et comme évoqué lors de la réunion avec la maire de Cayenne et le directeur du cabinet d’Emmanuel Macron, la mise en œuvre du plan Orsec Hébergement. Par ailleurs, la convocation d’une conférence de haut niveau sur les causes et les conséquences de ces flux migratoires incontrôlés sur le territoire de la Guyane, en vue de trouver les réponses adaptées aux niveaux d’intervention national, régional et international (adaptation des lois et règlements du droits d’asile aux réalités de la Guyane, démantèlement des réseaux de passeurs et lutte contre les trafics d’êtres humains, créations de CADA (centre d’accueil pour demandeur d’asile, ndlr), rééquilibrage géographique sur l’ensemble du territoire national des demandeurs d’asile…). Enfin, la demande de l’activation des moyens de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen auprès des pays frontaliers que sont le Brésil et le Suriname.

(Fanny Fontan)